Poids lourds. Faut-il une prime à la casse

Poids lourds. Faut-il une prime à la casse ? [Les chiffres]


9 avril 2010
.Pour renouveler la flotte des poids lourds, les professionnels de la filière planchent sur différentes hypothèses. Parmi elles, une sorte de prime à la casse, mais financée par qui?
L'idée qui a germé dans la tête d'un groupe de travail, composé de constructeurs, de transporteurs et de distributeurs, ressemble fort à celle de la prime à la casse qui a boosté les ventes de voitures légères. Elle consiste à interdire la revente de poids lourds âgés de plus de dix ans, qui répondent aux normes d'émissions de rejets polluants Euro 3, antérieures à octobre2001. A la clef, une aide pour l'acquisition de véhicules récents. Le principe est intéressant, surtout pour les constructeurs, mais ne fait pas l'affaire de tout le monde.
Assainir la flotte
Des poids lourds écologiquement propres, consommant moins de carburant, offrant des normes de sécurité et un confort de conduite améliorés... Tout le monde y trouve son compte, les constructeurs, les sociétés de transport, les concessionnaires. De quoi assainir le parc de 100.000 à 150.000 camions de plus de 10ans qui circulent sur les routes françaises. La mise en musique n'est pas si simple!
«Une belle surcôte»
Derrière cette réflexion commune aux représentants de la filière, se cache la mise à mal du marché de l'occasion. «Les entreprises de transport trouvaient un débouché pour leurs véhicules anciens dans les pays de l'Est, explique Hervé Le Jeune, le délégué régional de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR). La source s'est tarie avec la crise économique». Par ricochet, les ventes de véhicules neufs ont chuté de 40 à 45% l'an passé, et 2010 repart sur les mêmes bases. Un distributeur breton, concessionnaire d'une marque française de poids lourds, lance le bouchon plus loin en expliquant que les transporteurs vendaient leurs véhicules anciens aux pays de l'Est avec une belle surcôte. «Aujourd'hui, ils veulent nous les refiler avec cette même plus-value, il n'en est pas question!».
Garder les anciens véhicules
Qui peut aujourd'hui, en période de crise, se payer des camions neufs? Peut-être quelques grands groupes de transport qui ont réussi à garder la tête hors de l'eau. Sûrement pas les PME. «Lorsque nos véhicules qui ont fait du national ou de l'international prennent de l'âge, nous les reclassons sur des petits trajets entre plate-formes, ils feront 10.000 à 20.000km par an, explique Marcel Le Ray, patron d'une entreprise de 130 salariés et 80 véhicules à Ploërmel. Ils ont une valeur financière nulle, mais ils ont une bonne valeur d'usage». Et d'estimer que pour acheter du neuf, «il faudrait vraiment que la prime à la casse soit attractive».
Les caisses sont vides
Qui financerait cette prime? Les caisses de l'Etat sont vides. Il y aurait bien la taxe sur les poids lourds issue du Grenelle de l'Environnement, prévue pour fin 2012. Mais elle n'est pas prévue à cet effet. C'est la quadrature du cercle.
Yves Drévillon

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