jeudi 11 mars 2010

Qu'appelle-t-on bourse de fret ?


1) Qu'appelle-t-on bourse de fret ?
2) En pratique, comment fonctionne une bourse de fret ?


La bourse de fret constitue un service en ligne et en temps réel, permettant aux chauffeurs, possesseurs de véhicules et autres transporteurs de rechercher du fret à transporter (pour le trajet de retour, par exemple) et aux transitaires d'en proposer.
De nos jours, tous les services de bourses de fret sont informatisés, avec le plus souvent via Internet, ce qui permet notamment un accès 24h/24 et 7j/7. En fonction du public visé, on distinguera deux écoles (voir a et b).

2)En pratique,
a) Dans la première, l'affréteur ou un autre transporteur, qui sous-traite une partie de son activité, activité qu'il lui serait plus onéreux de réaliser en interne. La bourse n'est alors qu'un simple intermédiaire, à l'instar d'un journal de petites annonces, et aucune cotation n'y intervient. Entre membres d'un même secteur, il ne s'agit pas de négocier outrageusement les prix, mais d'utiliser au mieux les capacités de transport disponibles. Ce mode de fonctionnement est largement prépondérant.

b) Toutefois certaines « bourses de fret » (toutes ne revendiquent pas cette appellation) ont un business model différent. Elles mettent en relation transporteurs et chargeurs, ces derniers n'ayant pas a priori intérêt à confier leur fret à un transporteur inconnu, si le gain sur le prix de la prestation n'est pas substantiel. On se rapproche donc ici d'un modèle de cotation qui peut être similaire à celui de la plate-forme eBay et autres préstataires. (Transport Expertise)

Les bourses de fret font-elles baisser les prix ?

Dans la crise actuelle, les bourses de fret sont souvent accusées de faire baisser les prix. Si les chargeurs ne peuvent s'en servir pour faire directement pression à la baisse, le mécanisme des sous-traitances en cascade peut aboutir au même résultat. La presse professionnelle fait ainsi régulièrement écho aux prix les plus bas recensés sur les bourses de fret. Il convient toutefois de se demander si, dans la plupart des cas, une négociation téléphonique n'aurait pas finir par aboutir au même résultat.
Une crainte commune et récurrente des transporteur est relative au développement de mécanismes d'enchères inversées sur Internet. En transport, il y a peu d'exemple de ces pratiques. Le cas de Noranda peut toutefois être cité, le minier canadien ayant mis aux enchères inversées en 2002, 216 origine-destinations de son plan de transport, au départ de quatre usines canadiennes, pour une durée de 3 ans. Après un processus d'enchères complexe de 6 rondes (au cours desquelles, on a du réexpliquer le principe aux transporteurs pour éviter un trop grand nombre d'élimination), le minier a obtenu une baisse globale de sa facture transport (baisse non spécifiée). Cependant un tel processus nécessite un cahier des charges très détaillé, et il est légitime de se demander si chaque transporteur avait bien évalué ses potentielles futures hausses de prix de revient (notamment à l'égard des incertitudes sur l'évolution des prix du pétrole).
En France, les pouvoirs publics se sont émus de la possible, bien que non avérée, généralisation de tels dispositifs, ce qui a conduit à la rédaction de deux amendements dans la loi de protection des petites et moyennes entreprises. Si les enchères inversées ne sont interdites que pour les biens agricoles, elles ont été fortement réglementées. Ainsi le perdant peut connaître l'identité du gagnant, point loin d'être aussi anecdotique qu'il n'y paraît, et ayant nécessité plusieurs rédactions, ainsi que l'intervention du CNT (Conseil National des Transports). Egalement, la loi 2005-882 prévoit des peines dissuasives et démonstratives envers ceux qui détourneraient le mécanisme des enchères.
Ces dispositions empêcheraient-t-elles le développement des enchères inversées ? Probablement non, bien que d'autres raisons peuvent expliquer le non essor de ce type de systèmes, principalement du fait de la complexité de tel mécanismes, de possible contestations ex post, etc. Pour le chargeur, faire appel à un mécanisme d'enchères, et donc confier un transport a un transporteur qu'il ne choisit pas, n'est pas sans risque. Pour l'instant, donc, aucune bourse de fret ne semble prête à se lancer sur ce marché, d'autant que le risque serait grand de froisser les transporteurs.

Conclusion:

Même si les bourses de fret ne fournissent qu'une part modérée de l'activité (entre 15 et 25%, d'après les acteurs du secteur, ce qui reste cohérent avec l'ordre de grandeur fourni par une étude CNR (Comité National Routier) de 1997), elles permettent d'assurer une meilleure productivité et donc, une meilleure rentabilité au transporteur et contribuent de fait, à un certain assainissement de la profession via une capacité de transport mieux utilisée. Si on a pu craindre une situation monopolistique, le marché semble aujourd'hui s'orienter vers une offre structurée autour de quelques opérateurs. Enfin, les inquiétudes concernant l'impact des bourses de fret sur les prix ne doivent pas être exagérées le système étant davantage auto régulé car intra-sectoriel d'une part et moins itératif qu'une certaine littérature économique pourrait le laisser penser d'autre part, la contrainte temporelle dans le contexte d'une dépose d'annonce sur une bourse de fret étant loin d'être négligeable.(Rémi Corget & Pierre Billet-Legros)

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